Dis Papy, c’était comment les moissons dans l’temps ?

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Dis Papy, c'était comment les moissons dans l'temps ?

Les moissons autrefois...

Louis Onillon, associé retraité du GAEC Villeneuve, nous raconte aujourd’hui ses souvenirs des moissons d’autrefois, moissons qu’on nommait souvent « battages » à l’époque.

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Dans les années 1950-1955, les « battages » débutaient vers le 10 Août, les variétés de blé étaient alors plus tardives.

Le travail commençait par le ramassage du blé en épis avec la faucheuse-lieuse.

La machine emmenée par des chevaux ou un tracteur, selon les fermes, coupait les tiges de blé grâce à la partie faucheuse et les rassemblait en gerbes grâce à la partie lieuse qui entourait chaque brassée de blé d’une ficelle de chanvre ou d’orties et la bloquait avec un nœud.

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La faucheuse-lieuse en plein travail.

Une fois le blé coupé et mis en gerbes, il s’agissait de ramener la récolte dans la cour de la ferme.

Les hommes prenait alors chaque gerbe une à une et les chargeaient sur un « bateau » ou « plateau » tiré par des chevaux ou des boeufs et les acheminaient jusqu’au village. Ce travail était réalisé en pleine chaleur, quand le soleil était bien haut pour éviter la reprise de l’humidité des épis.

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Les gerbes dans la cour de la ferme

Les hommes mettaient les gerbes en tas dans la cour de la ferme de telle manière que la pluie, si elle arrivait, ne gâte pas le grain.

Une fois toute la récolte entreposée dans la cour, tout le voisinage était convoqué pour le battage du grain. Environ 20 à 25 hommes des 20-25 fermes voisines prenaient part au travail. C’était déjà les prémices du travail en Cuma ou en équipe, chacun rendant le temps passé à son voisin.

Les hommes arrivaient entre 5 h et 6 h du matin, avant le lever du jour. La journée commençait par un rapide casse-croûte avec rillettes, pâtés faits maison, bien sûr, un bon café et quelque fois une p’tite goutte appelée aussi « tue-vers » !

Vers 9 h – 9 h 30, on prenait un premier repas assez rapide et le travail recommençait.

Enfin, un second repas était servi vers 14 h 30 quand le chantier était terminé dans la ferme. Pendant ce repas, un peu plus long, la batteuse était déplacée chez le fermier suivant, ou plus près des tas de gerbes, si le chantier devait continuer dans la même ferme.

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A la fin du chantier, des rafraichissements étaient servis et chacun rentrait vite chez soi pour faire son travail, nourrir ses animaux et se mettre au lit pour repartir à l’aube le lendemain.

Il fallait des hommes pour mettre à tous les postes :
  • 6 à 8 hommes approchaient les gerbes pour approvisionner la batteuse, souvent des jeunes forts et dynamiques. Ils travaillaient intensément pendant ½ heure et se reposaient ½ heure à tour de rôle,

  • 3 à 4 hommes sur la batteuse pour couper les ficelles, démêler les gerbes et approcher les tiges de blé du batteur. On appelait ça « engrainer »,

  • 2 hommes à ramasser la paille qui tombait entre la batteuse et le monte-paille,

  • 3 ou 4 hommes aux sacs. La batteuse crachait le grain dans des sacs de toile de chanvre, les hommes les fermaient et les transportaient au grenier pour le stockage,

  • 5 à 6 hommes sur le pailler s’affairaient avec leur fourche pour former une énorme tas de paille, stockée en vrac. Il fallait être habile pour bien positionner la paille, la tasser et monter droit pour que le pailler ne s’écroule pas !

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Aux Greniers, le travail de battage durait une journée, mais ensuite on devait rendre le temps aux voisins, donc la saison des « battages » durait environ 3 semaines pour les 20-25 fermes.

C’était un travail très difficile, poussiéreux, harassant, dangereux pour ceux qui étaient sur la batteuse avec les risques de se faire attraper les bras par le batteur.

Mais c’était également une grand réunion conviviale où toutes les générations se côtoyaient.

Le travail était intense sur la batteuse ainsi que dans les cuisines. Tous les hommes mangeaient sur place. Les femmes cuisinaient pour ces grandes tablées d’hommes affamés et desséchés par la poussière.

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Ces jours-là, on abattait les poulets pour les servir aux hommes, au lieu de les vendre au marché d’Argenton ou de Vihiers. Il fallait bien un peu de viande pour que « ça leur tienne au corps » !

Le dernier jour des battages, c'était la fête !

Le grain était à l’abri, la paille mise en pailler, les hommes et les femmes pouvaient souffler.

On sortait les bouteilles, parfois l’accordéon et la soirée se terminait fort tard dans une bonne ambiance. Le vélo ne rentrait pas toujours très droit !

A cette époque (1950-1955), il y avait deux batteuses à Saint Maurice La Fougereuse : une chez Puaud et une chez Louis Coppet, fondateur de l’actuelle SA Coppet et deux équipes de 20 à 25 fermes. Chaque équipe était attachée à une batteuse.

On gardait une partie de la récolte de blé pour l’alimentation des animaux, une autre était vendue grainetier pour faire de l’aliment et enfin, on portait une partie du stock chez le boulanger du village, en règlement du pain de toute l’année.

La première moissonneuse

Les moissons ont changé avec l’arrivée de la 1ère moissonneuse en provenance de Massais, achetée et menée par le Père Goron et son gendre Didier Vion, en 1959-60. A Saint Maurice, c’est à Villeneuve, chez Georges Bazantay, père de Jean-Luc, l’un des associés retraité du GAEC, que la moissonneuse a été essayée dès son arrivée.

Les années suivantes, toutes les fermes sont passées à la moissonneuse-batteuse. Le travail était plus rapide, il y avait moins besoin de main d’œuvre puisque la machine coupait et battait le blé en même temps. Les premières moissonneuses faisaient aussi office de presse à basse densité !

Les agriculteurs sont donc restés dans leurs fermes et ont fait appel aux voisins seulement pour le ramassage des bottes de paille.

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Les grandes tables pour 25 hommes ont été remisées au fournil et les femmes ont pu souffler un peu pendant les moissons. Même si les 3 ou 4 voisins qui venaient pour transporter la paille restaient manger, il n’y avait plus à faire 2 ou 3 repas pour autant d’hommes !

La moissonneuse-batteuse fut une véritable révolution avec une plus grande rapidité de récolte, moins de risque de la gâter en raison de la pluie puisque le travail allait plus vite avec beaucoup moins de fatigue pour les hommes.

Juillet 2020 – ©GAEC Villeneuve

Aujourd’hui, Louis est content de pouvoir faire un tour dans la New-Holland CX 6080 et de raconter aux jeunes « comment c’était dans l’temps » !

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Les temps ont changé, la mécanisation a rendu le travail moins pénible et plus rapide, mais la moisson et la récolte du blé est toujours un temps très fort dans la vie des agriculteurs !

Petit clin d’œil à Louis, excellent chanteur, avec « La chanson des moissons » par Les Compagnons de la Chanson. Vintage assuré !

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